Récemment, je me faisais poser la question par un directeur d’une organisation reconnue dans le milieu du génie conseil ; Où sont rendus les ingénieurs ?

L’ensemble des firmes de génie conseil du Québec ont perdu des milliers d’employés depuis quelques années, selon les dires de ce dirigeant et de plusieurs autres qui me l’ont confié depuis que j’ai eu cette conversation.

Selon moi et les observations que nous avons réalisées avec mon équipe de recrutement, les ingénieurs sont attirés vers des emplois du secteur public dont le milieu municipal, les diverses sociétés d’État et le gouvernement dans son ensemble. Les firmes de construction qui peuvent proposer des salaires plus compétitifs favorisent aussi les migrations des professionnels du génie-conseil vers leurs entreprises.

Sans entrer dans les dates et les chiffres exacts, j’ai entendu comme tout le monde que les gouvernements avaient délaissé il y a plusieurs années, au profit des entreprises de génie conseil, une large part des travaux au cœur de leurs activités dont la rédaction des devis de performance, la rédaction des appels d’offres et bien d’autres tâches que ces derniers reprennent graduellement en interne.

Les municipalités ainsi que les sociétés d’État ne sont pas en reste.

RHR Expert recrute depuis 2009 dans tous ces milieux, dont le milieu municipal, et il va sans dire qu’un grand nombre de municipalités et de MRC cherchent dorénavant à se réapproprier en régie interne, l’expertise autrefois déléguée aux firmes de génie conseil. Les principales directions touchées par ces embauches sont sans contredit, la direction des services techniques/ingénierie et la direction des travaux publics.

Ce phénomène existe depuis plusieurs années mais se fait sentir d’autant plus durement en période de pénurie de main-d’œuvre et cette pénurie ne semble pas ponctuelle mais un effet de société causé entre autres par une inversion de la pyramide démographique. À cela s’ajoute la pression sur les salaires en lien direct avec les honoraires des firmes de génie-conseil qui sont tirés vers le bas dans un contexte d’appels d’offres ou le plus bas prix est souvent le critère dominant dans le choix des ingénieurs.

Hydro-Québec, pour ne nommer que cette société d’État, a repris énormément de tâches pour les confier à ses ingénieurs. Le MTQ et la SQI ne sont pas en reste et sans connaître ce qui se passe dans chaque société d’État, il s’y produit probablement le même phénomène.

Cette question est d’autant plus pertinente, que la construction roule à plein régime et que les firmes de génie conseil sont très sollicitées par ceux-là même qui attirent ces professionnels dans leurs organisations.

L’impact de l’expertise des ingénieurs conseils dans le cadre des projets de construction est primordial dans une vision à long terme d’une société qui désire réaliser des constructions durables et qui favorisent le respect de l’environnement. Il est urgent que cette industrie se mobilise pour non seulement arrêter l’hémorragie mais aussi attirer les futurs ingénieurs dans leurs organisations.

Merci d’avance et au plaisir de vous lire et retransmettre vos commentaires.

Beaudoin Bergeron, ing., ASC – Président, Associé (RHR Expert)